Halte à la caricature
17 septembre 2009 : Communique de presse
TROP C’EST TROP !
Au moment où se déroule le débat parlementaire sur la loi pénitentiaire, qui cherche à rapprocher la France des autres Etats européens pour les conditions de vie des détenus et à trouver d’autres réponses que le « tout carcéral » pour l’exécution des courtes peines d’emprisonnement, les juges de l’application des peines ont découvert avec stupéfaction l’article paru le 08/09/2009 dans le Figaro intitulé « les policiers inquiets des libérations anticipées » sous la plume de Christophe CORNEVIN.
Il s’agit, comme l’écrit le journaliste, d’un « véritable tir de barrage » contre la future loi pénitentiaire en laissant croire que l’augmentation de la délinquance s’expliquerait par le développement des aménagements de peine. Le traitement de la délinquance mérite mieux que des propos excessifs, racoleurs, sans aucun fondement . Toutes les études menées sur la question démontrent au contraire que les aménagements de peine limitent le risque de récidive.
Il serait temps que ceux qui se sont exprimé, que ce soit « un haut fonctionnaire » , « un commissaire expérimenté » , mais restés anonymes , « le syndicat Synergie » ou « le président du conseil général des Alpes Maritimes » , n’oublient pas que la porte d’entrée d’une prison est aussi qu’ils le veuillent ou non une porte de sortie et que le délinquant reviendra un jour dans la société.
Arrêtez les caricatures
Affirmer que la délinquance augmente depuis Juin 2008 en raison des aménagements de peine est de la pure démagogie.
Faire croire que l’exécution intégrale des peines en détention est de l’intérêt de la société et assure la tranquillité des concitoyens est une courte vue.
Pour ce qui est de l’intérêt de la société , à terme, posons la vraie question :
Où est l’intérêt de la société et des victimes ?
Dans une sortie en fin de peine , sans aucun contrôle , sans aucune obligation ni interdiction ?
Ou dans une sortie aménagée au cours de laquelle la personne toujours écrouée aura en échange de cette sortie l’obligation de travailler , d’indemniser les victimes en y consacrant un certain pourcentage de son salaire , de poursuivre des soins pour son alcoolisme , sa toxicomanie ou psychologiques ? Cette personne peut également se voir interdire tel ou tel lieux et restera au delà de la date de sa fin de détention sous le contrôle de services pénitentiaires.
Alors peut on continuer à dire et écrire que ce mode de fin de peine est un cadeau , si tel était le cas il ne serait pas refusé autant qu’il l’est par les détenus.
Les élections professionnelles ou autres sont sans doute des moments propices à la polémique stérile mais il arrive un moment ou trop c’est trop.
Laval, le 17 septembre 2009,
Martine LEBRUN
Présidente de l’Association Nationale des Juges de l’Application des peines
www.anjap.org
publié le jeudi 7 février 2013 (Date de rédaction antérieure : 17 septembre 2009).